Ilsole24ore.it 13/6/2014, 13 giugno 2014
LE FIGARO
Au troisième jour de l’offensive djihadiste, qui s’est traduite par de nouvelles conquêtes à moins de cent kilomètres de Bagdad, ce sont les forces kurdes qui ont profité des violences pour avancer dans les zones qu’elles convoitaient depuis des années. Pour la première fois, les pechmergas ont pris totalement le contrôle de la ville pétrolière de Kirkouk, afin d’empêcher un assaut des djihadistes. L’armée régulière a complètement disparu de cette cité multiethnique, où la sécurité est normalement assurée par une force de police arabo-kurde et turkmène.
Mais les Kurdes, en marche vers leur indépendance depuis la chute de Saddam Hussein en 2003, ne se sont pas contentés de Kirkouk. «Ils se sont déployés dans les zones à dominante arabe du sud de la ville, affirme depuis le Kurdistan un expert militaire occidental. Leurs pechmergas se sont également déployés à une trentaine de kilomètres au nord-est de Mossoul, ainsi que plus au sud dans la région de Khanaqin», dans la province de Diyala. Autant de secteurs que se disputaient jusqu’à présent le gouvernement autonome kurde et Bagdad.
Ce déploiement «préventif» pourrait préfigurer la création d’une zone tampon face aux djihadistes, qui y regarderont à deux fois avant d’affronter ces robustes guerriers. Ces zones reviendront-elles un jour dans le giron du gouvernement central? Rien n’est moins sûr. Même si les Kurdes font état de «contacts permanents» avec Bagdad, leur progression ne s’est certainement pas faite avec l’assentiment du premier ministre Nouri al-Maliki, avec lequel les Kurdes ont d’exécrables relations.
Une prise de Bagdad paraît exclue, étant donné la présence d’une importante base militaire à 25 km au nord de la capitale, dans laquelle sont déployées des unités d’élite
Une chose est sûre: cette poussée djihadiste et kurde accroît dangereusement la dislocation du pays. En effet, les rebelles sunnites menés par les djihadistes ont encore progressé dans la province d’al-Anbar, frontalière de la Syrie, ainsi que dans celle de Diyala, au nord-est de Bagdad, s’emparant jeudi soir de deux secteurs. Ils ont profité de l’étau militaire qui s’est desserré autour de Ramadi, qu’ils occupent partiellement, pour avancer près de Habbaniya, Hit et Haditha. Ils ont encore réussi à s’emparer de Doulouhiya, à 90 km seulement de la capitale.
En revanche, ils ont été repoussés à Samarra, siège d’un important mausolée chiite. Un échec dû au refus de la population locale, en majorité sunnite, de passer sous le joug des djihadistes. Ce qui est nouveau depuis le début de la conquête djihadiste, mais pas surprenant pour qui connaît le penchant loyaliste des habitants de Samarra. À 80 km plus au nord, la raffinerie de pétrole de Baiji est toujours entre les mains des forces gouvernementales.
À court terme, une prise de Bagdad par les djihadistes paraît exclue, étant donné la présence d’une importante base militaire à Taji, à 25 km au nord de la capitale, dans laquelle sont déployées des unités d’élite, et non pas des fantassins comme ceux qui ont plié bagages devant les djihadistes à Mossoul et Tikrit. Une débandade qui alimente le doute, au vu des scènes de soldats remettant leurs armes aux rebelles, sans crainte d’être liquidés.
«Je sais qui a donné l’ordre de retirer les militaires de Mossoul», a prévenu Maliki, qui n’a pas reçu ce jeudi mandat du Parlement pour décréter l’état d’urgence. Ses nombreux adversaires soupçonnent une manœuvre pour s’accaparer les pleins pouvoirs afin de consolider ses chances d’être reconduit au poste de premier ministre dans un pays en plein chaos. Au sud de Bagdad, les rebelles poussent également dans la région de Lattifiya, et à terme leur objectif sera probablement de paralyser les accès routiers menant à la capitale.
Par Georges Malbrunot, Lefigaro 13/6
LE MONDE 12.6.2014
« La prise de Bagdad par l’EIIL est possible »
Dans un chat sur lemonde.fr, Cécile Hennion, journaliste au service International spécialiste du Proche-Orient, n’écarte pas une conquête de la capitale irakienne par les djihadistes. Selon elle, la progression des combattants de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) s’explique notamment par les erreurs commises par le premier ministre chiite irakien, Nouri Al-Maliki, envers des brigades sunnites autrefois financées par les Américains.
Comment la progression si rapide de l’EIIL en Irak s’explique-telle ?
Cécile Hennion : Elle s’explique par plusieurs facteurs. Premièrement, la faiblesse de l’armée irakienne régulière où les désertions se sont multipliées depuis les combats autour de Fallouja (prise par l’EIIL début janvier). Non seulement les soldats sont jeunes et non entraînés pour ce type de batailles, mais parallèlement Nouri Al-Maliki a négligé des brigades qui auraient pu lui être stratégiques. Celles-ci sont les brigades Sahwat, des brigades sunnites, qui avaient été armées et financées par les Américains durant leur présence en Irak pour lutter contre Al-Qaida.
Davantage que les opérations militaires américaines sur les villes insurgées sunnites, ce sont ces brigades Sahwat qui avaient permis de libérer les villes sous emprise d’Al-Qaida entre 2007 et 2011.
Après le départ des Américains, M. Maliki a peu à peu arrêté de payer ces brigades. Les milliers d’hommes qui en faisaient partie sont partis rejoindre les rangs de l’EIIL pour des raisons financières, parce qu’ils se sont sentis humiliés et trahis ou sous la menace.
Irak : les jihadistes menacent Bagdad
Des insurgés paradant en Irak : nous sommes à Mossoul, la deuxième ville d’Irak, tombée mardi dans les mains des combattants islamistes. Ce jeudi soir, ils se sont emparés de deux secteurs au nord-est de Bagdad, selon des officiers. On les disait à 90 km de la capitale. L’armée irakienne a réagi avec des raids aériens sur Mossoul et Tikrit ; il faut absolument stopper l’avancée des insurgés de l’Etat islamique en Irak et au Levant : l’EIIL serait composée de 10.000 à 15.0000 jihadistes, un groupe dangereux, présent aussi en Syrie. Depuis mardi, environ un demi-million d’habitants ont fui Mossoul. Ici à Tikrit, prise mercredi, l’EIIL a fait prisonniers 300 soldats, qui quittent leur base, en civil. Face à la débandade de l’armée, jamais vraiment reconstruite après la chute de Saddam Hussein, le Premier ministre a appelé ’les tribus à former des unités de volontaires’ pour combattre les insurgés. Craignant un assaut contre Kirkouk, les forces du Kurdistan ont pris le contrôle de cette ville pétrolière disputée depuis des années par la région autonome et le gouvernement de Bagdad.
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Enfin, les troupes de l’EIIL, dont on ignore le nombre exact, sont très expérimentées et très bien armées. En effet, les désertions massives dans l’armée régulière ont toujours été accompagnées d’abandons de véhicules et d’armes légères sur le terrain.
Leur tactique est assez imparable : les attaques débutent en général par une vague de kamikazes qui sèment la terreur, puis elles sont suivies par des combattants presque tous irakiens, parfois bien accueillis par la population. En effet, si l’EIIL est le fer de lance, il s’est allié avec les tribus sunnites locales et d’anciens groupes qui combattaient les Américains (ex-officiers baasistes notamment).
Nicolas : La prise de Bagdad par les forces de l’EIIL est-elle plausible ?
C. HN : Aussi stupéfiant que cela puisse paraître, la prise de Bagdad n’est pas impossible. Pour le moment, la capitale a été transformée en forteresse, ce qu’il reste d’armée régulière y est massée et des milices chiites loyales à l’autorité de M. Maliki, très entraînées, patrouillent.
Cependant, il faut rappeler que toutes les villes formant la « ceinture » de Bagdad sont sunnites. L’objectif annoncé de l’EIIL est bien la prise de la capitale. L’exemple de Mossoul tend à prouver qu’un assaut n’est pas impossible. S’il avait lieu, il devrait néanmoins s’arrêter sur la rive du fleuve, on aurait alors une capitale coupée en deux. Une telle configuration signifierait la partition presque automatique de l’Irak.
Nicolas : Quelle répercussion ce conflit aura-t-il sur la situation en Syrie ?
C. HN : Les événements actuels en Irak auront des conséquences en Syrie dont on mesure encore mal l’ampleur, mais ils seront déterminants. Les troupes de l’EIIL contrôlent la frontière syro-irakienne, en particulier le point stratégique de passage de Rabia.
Selon leurs priorités militaires, elles pourront sans entrave aller d’un côté ou de l’autre de la frontière et renforcer le front prioritaire du moment, que ce soit en Irak ou en Syrie. D’autant qu’elles ont récupéré à Mossoul et dans les bases militaires proches de cette ville de l’armement lourd, y compris deux hélicoptères de combat (selon les déclaration de l’EIIL). Ces capacités à se mouvoir et ce renforcement de leur armement peuvent changer toute la donne en Syrie.
Visiteur : Ils sont soutenus militairement et financièrement par quelle puissance étrangère ? Il me paraît difficile qu’ils ne reçoivent pas d’aide de l’extérieur...
C. HN : Il est difficile de répondre à cette question. Même si l’hypothèse d’un financement par les pays du Golfe a déjà été avancée, on sait en revanche que l’EIIL disposait d’un important réseau de collecte de fonds en Irak : ainsi, dans la ville de Mossoul les commerçants devaient verser leur obole. Ce sont potentiellement des millions qui ont été levés simplement dans les villes sunnites irakiennes.
John : Irak, Libye, Syrie ... Finalement, les Occidentaux ne se sont-ils pas trompés partout ?
C. HN : Il y a plusieurs façons de répondre à cette question en remarquant d’abord que chaque situation est bien particulière et qu’il n’existe pas une généralisation possible à moins de tomber dans des clichés. L’invasion américaine en Irak de 2003 s’est révélée être un échec complet dont on mesure aujourd’hui l’extrême gravité. La plus grande erreur stratégique que les Américains ont commise a été de décapiter l’armée sunnite irakienne qui, aujourd’hui, a rejoint les plus radicaux par vengeance.
Cependant, si les pays occidentaux avaient accepté d’aider militairement les rebelles syriens (dont on rappelle qu’ils ont commencé leur révolte par des manifestations pacifiques réprimées dans le sang), ils n’auraient pas eu besoin des seuls qui ont offert leur aide : Al-Qaida (Front Al-Nosra) et l’EIIL. On peut donc considérer qu’en restant passifs en Syrie, les Occidentaux ont en effet commis une erreur en favorisant indirectement l’émergence des groupes les plus radicaux.
Xavier : Peut-on imaginer une intervention iranienne au-delà du soutien logistique ?
C. HN : Oui. Le commandant Qassem Suleimani, chef d’Al-Qods, troupe d’élite des Gardiens de la révolution, se trouve actuellement à Bagdad.
Près de la ville de Samarra, au nord de Bagdad, se trouvent deux mausolées d’imams chiites très importants, Hadi et Mohammed El-Askari (le père du Mahdi, l’imam caché). Ces lieux très saints pour les chiites irakiens comme iraniens est une ligne rouge pour Téhéran.
De même que les villes saintes pour les chiites de Nadjaf et Kerbala. Il n’est pas impossible que l’armée iranienne intervienne directement pour protéger ces lieux saints et leurs populations chiites, plus que pour sauver le régime de M. Maliki.
Jipé : Quelle sera la position de la Turquie après l’enlèvement de plusieurs de ses ressortissants et surtout le rôle de plus en plus important joué par les milices kurdes contre l’EIIL ? Si les Kurdes en venaient à déclarer leur indépendance dans le nord de l’Irak, la Turquie serait-elle contrainte à intervenir directement sur le territoire irakien ?
C. HN : Les camionneurs turcs enlevés ont été libérés ce matin par l’EIIL. Des sources non confirmées indiquent cependant qu’ils auraient pu être capturés de nouveau par un autre groupe.
Depuis longtemps, les Kurdes veulent l’indépendance, les désaccords et les divergences importantes avec Nouri Al-Maliki n’ont fait que renforcer leur envie de scission. Nul ne peut savoir pour l’instant comment la Turquie réagirait. Quelques faits de ces derniers jours sont intéressants à relever : il n’y a eu aucun combat opposant les peshmergas (armée kurde) à l’EIIL. Les djihadistes n’ont pas touché à la ville de Kirkouk, hautement stratégique et revendiquée par les Kurdes.
Au contraire, les peshmergas ont pris le contrôle total de Kirkouk en menant ça et là des combats avec les forces de la police fédérale dépendant de Bagdad. Un porte-parole de l’EIIL s’est exprimé hier à la télévision kurde pour déclarer que les Kurdes n’étaient pas des ennemis, étant donné qu’ils sont sunnites.
Des paroles qui se voudraient rassurantes, mais qui font l’impasse sur le nombre important de communautés chiites, chrétiennes, yézidites qui composent le peuple kurde.
Meatball : Comment la population sunnite accueille-t-elle l’EIIL après les exactions dont elle était victime du fait du pouvoir chiite ?
C. HN : L’EIIL a été accueilli plus ou moins bien par les villes qu’elle a prises. Il faut rappeler que des villes comme Samarra, Ramadi ou Fallouja, avaient déjà vécu sous le joug d’Al-Qaida et en avaient gardé de terribles souvenirs.
Apparemment, l’EIIL a usé une sorte de « diplomatie », contrairement à Al-Qaida. Il n’a pas imposé d’« émirs » étrangers à la population, mais a intégré, absorbé, les chefs tribaux locaux dans sa hiérarchie, y compris militaire.
En outre, des villes comme Fallouja ont énormément souffert du gouvernement autoritaire de M. Maliki. Les habitants se plaignaient ainsi, par exemple, de ne pas pouvoir se rendre à la capitale pour soigner une enfant malade de peur d’être arrêtés comme terroristes au premier barrage gouvernemental.
La ville, presque rasée après les deux guerres menées par les Américains, n’a jamais été reconstruite. Les gens vivaient pauvrement et sans aucun espoir d’amélioration de leur vie quotidienne. Les manifestations à Fallouja et ailleurs d’habitants sunnites réclamant plus de participation au pouvoir et la fin des vexations ont été durement réprimées.
Rappelons que Fallouja, prise par l’EIIL début janvier 2014, est sous des bombardements permanents qui ont endommagé le principal hôpital de la ville, tué des civils et semé la terreur. L’aviation irakienne a même largué des barils bourrés d’explosifs, imitant les méthodes du Syrien Bachar Al-Assad. Autant d’éléments qui ont favorisé le rapprochement de la population avec des gens apparus comme étant capables d’assurer leur survie.
Hamid : Une partition de l’Irak entre chiites, sunnites et kurdes, ne serait-elle pas la seule solution plausible pour l’imbroglio irakien ?
C. HN : C’est le scénario qui est en train de se dessiner à moins d’un retournement de situation. Il serait sans doute accepté par une majorité d’Irakiens, épuisés par des années et des années de guerre civile.
Les choses ne sont pas aussi simples. Bagdad ainsi que la province de Diyala sont mixtes, c’est-à-dire qu’elles abritent des communautés chiites et sunnites qui vivent ensemble. Dans ces endroits, la séparation va se faire dans la douleur et probablement dans le sang.
Ilsole24ore.it 13/6/2014
Iraq, i ribelli più vicini a Baghdad
ma ora l’Iran schiera truppe speciali –
La marcia verso Baghdad. È questo l’obiettivo finale dei ribelli, i miliziani dello Stato islamico di Iraq e Siria (Isis) che hanno già conquistato altri importanti città e province dell’Iraq. Nelle stesse ore l’Iran ha dispiegato tre battaglioni delle forze speciali dei Pasdaran (al Quds) in Iraq per affiancare i soldati di Baghdad. Un conflitto che pare destinato ad assumere una dimensione regionale.
L’emittente televisiva «al Jazeera» riporta che i miliziani controllano un’ampia zona nella parte nord-occidentale dell’Iraq e sono a 80 chilometri da Baaquba e 65 da Baghdad.
Intanto dal Dipartimento di Stato americano, dopo che il presidente Barack Obama aveva promesso azioni immediate per far fronte alla nuova crisi in Iraq, è arrivata la notizia che i contractors torneranno temporaneamente in Iraq a fronte delle preoccupazioni per l’avanzata jihadista. Gli Stati Uniti hanno ordinato l’evacuazione del personale nella base aerea di Balad, dinanzi all’offensiva jihadista dell’Isis. «Possiamo confermare - ha detto il portavoce del dipartimento di Stato americano Jen Psaki - che i cittadini americani sotto contratto con il governo iracheno sono temporaneamente trasferiti dalle loro società a causa dei timori per la sicurezza nell’area». Lo stesso portavoce ha poi precisato che non cambia lo status dello staff dell’ambasciata americana a Baghdad e dei consolati.
Le tensioni in Iraq fanno avanzare le quotazioni dell’oro, tradizionale bene rifugio dei mercati. Il metallo con consegna immediata cresce dello 0,2% a 1275 dollari l’oncia. Il dilagare delle forze jihadiste dell’Isis in Iraq spinge ancora al rialzo il petrolio. Le quotazioni del greggio Wti sono salite dell’1,1% a 107,68 dollari dopo che ieri avevano segnato una crescita di oltre due punti. Avanza anche il Brent (+0,7% a 113,75) con alcuni analisti che si spingono a ipotizzare una crescita fino a 125 dollari in caso di attacco dei miliziani islamici a Baghdad.
Anche se l’offensiva jihadista nel nor dell’Iraq non dovrebbe mettere a rischio la produzione petrolifera nel Paese a breve termine , pur contribuendo all’aumento dei prezzi
al barile sostenuto anche dall’aumento della domanda globale: lo ha reso noto l’Agenzia Internazionale dell’Energia (Aie).
Ieri è intervenuto il mufti iracheno, Rafi al-Rifai. «È sbagliato definire "terroristi" i miliziani che combattono tra le fila dello Stato islamico dell’Iraq e del Levante (Isil)». In una nota ha invitato a chiamare "ribelli liberi" gli insorti sunniti che martedì hanno conquistato Mosul, la seconda città del paese. Definirli terroristi - ha precisato in una nota la massima autorità sunnita del paese - alimenterà solo la divisione tra questi ribelli e le città che stanno "liberando" dal governo settario guidato dal premier sciita Nuri al-Maliki. Al-Rifai ha descritto ciò che sta accadendo in Iraq come un processo per liberare il paese dall’esercito di Maliki, che i miliziani dell’Isis hanno soprannominato "il tormentatore", accusandolo di aver emarginato i sunniti dalla vita politica del paese. Il religioso ha infine accusato l’esercito iracheno di non rispettare le moschee sunnite e i luoghi santi dei cristiani.
Ilsole24ore.it 13/6/2014
LIMES
A due mesi di distanza dalle elezioni parlamentari previste in aprile, l’ondata di violenza che ha colpito l’Iraq sta spingendo il paese verso un nuovo conflitto settario.
Secondo i dati di un recente rapporto dell’Onu, il 2013 è stato l’anno più violento dal 2008: eppure, quello da poco iniziato rischia di essere peggio, riportando il paese al terribile biennio 2005-06 quando la violenza confessionale lasciò sul terreno oltre 50 mila vittime. Solo a gennaio, gli attacchi sono stati circa 950, con quasi 1500 vittime: il doppio rispetto a quanto registrato l’anno precedente e il livello più alto dall’aprile 2008.
Gli ultimi dati sono in parte condizionati da quanto sta accadendo nella provincia occidentale di al Anbar, dove da inizio gennaio i militanti dello Stato islamico di Iraq e Siria (Isis) hanno preso il controllo dei maggiori centri provinciali, tra i quali Fallujah e Ramadi, approfittando del malcontento della comunità locale sunnita contro il governo a guida sciita di Nouri al Maliki.
Anbar è la più ampia delle province irachene: si estende verso occidente dai sobborghi di Baghdad ai confini statali con Siria, Giordania e Arabia Saudita. Mosaico di clan e tribù di orientamento sunnita, Anbar è uno storico bastione della confederazione tribale Dulaimi che in passato ha supportato il regime baathista di Saddam Hussein in cambio di una relativa autonomia nella gestione delle rotte commerciali verso occidente.
La composizione etnico-religiosa spiega in parte perché, negli anni dell’invasione statunitense, la regione sia stata teatro di scontri particolarmente cruenti, con buona parte dei Dulami che insorse contro il governo centrale a guida sciita fino all’avvento dei cosiddetti Consigli del risveglio, che avrebbero supportato l’offensiva statunitense contro i militanti jihadisti.
La composizione religiosa spiega inoltre il motivo per cui proprio la provincia di Anbar è diventata uno dei principali focolai del movimento di protesta che ha avuto inizio nel 2012, a seguito della detenzione di alcuni politici sunniti originari della regione, e che persiste ancora oggi dopo essersi esteso gradualmente ad altre aree a prevalenza sunnita del paese, come Diyala e Kirkuk. Il movimento di protesta, largamente pacifico e composto anche da tribù sunnite, chiede una maggiore rappresentanza politica per le proprie comunità che subirono la marginalizzazione della coalizione Iraqiyya operata dal governo Maliki. Nelle elezioni del 2010, la coalizione aveva dato rappresentanza agli iracheni sunniti contribuendo a disinnescare gli effetti delle paventate politiche settarie di Baghdad.
Il governo ha tentato in più occasioni di reprimere questo dissenso, come accaduto nell’aprile 2013 quando le forze di sicurezza lanciarono un raid per sgomberare il campo di protesta di Hawija, nei pressi di Kirkuk, causando la morte di circa 42 manifestanti. Nei giorni successivi, gli scontri tra l’esercito e le milizie sunnite e jihadiste - che tentarono di inserirsi per sfruttare a proprio favore la protesta - causarono circa 300 vittime.
Quanto accaduto a inizio anno ricalca in parte gli eventi del 2013. Ma questa volta il tentativo dell’Isis, che ad al Anbar ha da tempo una delle sue roccaforti, è stato più efficace. L’annuncio, dato a dicembre, di un’imminente offensiva contro i gruppi armati presenti nella provincia venne interpretato dall’establishment politico iracheno come una pericolosa iniziativa dalle venature settarie. Seguì l’ennesimo giro di vite contro i leader della protesta, la rimozione forzata di un campo alla periferia di Ramadi e l’esplodere degli inevitabili scontri tra manifestanti e Forze di sicurezza nei quali persero la vita 6 persone.
La stabilità di al Anbar fu così scossa, offrendo ai miliziani dell’Isis l’opportunità di inserirsi con successo nel caos che ha fatto seguito all’attacco governativo. Il gruppo, evoluzione dell’organizzazione guidata a suo tempo da Abu Musab al Zarqawi, ha evitato lo scontro frontale con le tribù sunnite - ostili sia al governo Maliki sia agli stessi jihadisti - riuscendo in breve tempo a prendere il controllo di postazioni governative e militari da cui sfidare l’esercito iracheno.
Fino a questo momento, il governo Maliki ha preferito non lanciare alcuna offensiva su larga scala, via terra, nell’intento di non alienarsi ulteriormente la comunità sunnita, puntando piuttosto a convincere le tribù locali a espellere i militanti jihadisti come condizione per scongiurare l’intervento dell’esercito. Frattanto, proseguono i bombardamenti e i raid aerei delle Forze armate che hanno permesso ai governativi di riprendere il controllo di Ramadi, senza per questo evitare una dura escalation negli scontri con i militanti dell’Isis.
Nonostante le violenze di al Anbar siano legate a doppio filo con questioni di politica interna e settaria, è indubbio come il fattore-Isis abbia avuto un ruolo di primo piano nel far lievitare il livello delle violenze in Iraq. Dopo alcuni anni in cui il gruppo sembrava aver intrapreso una parabola discendente, il suo coinvolgimento in Siria ha permesso all’organizzazione di estendere il proprio teatro operativo e di attingere a una più ampia base di militanti e armi garantitegli dalla porosità della frontiera tra Iraq e Siria.
L’Isis gode di una popolarità in aumento grazie alla leadership del suo emiro, Abu Bakr al Baghdadi. La nuova stella del movimento jihadista è stata in grado di resistere alla pressione dello stesso leader di al Qaida, Ayman al Zawahiri, il quale ebbe modo di esprimersi in più di un’occasione contro la fusione dell’iracheno Stato islamico di Iraq e di parte del siriano Jabhat al Nusra, da cui sarebbe poi emerso l’Isis. Per questo motivo, la fusione ha finito per creare una delle più profonde fratture che il panorama jihadista abbia mai conosciuto nel cuore del Medio Oriente.
Il gruppo di al Baghdadi è comunque destinato a rimanere un polo di riferimento per i jihadisti del Levante, forte del suo messaggio di protettore dei sunniti in Iraq, in Siria e più di recente anche in Libano, contro quella che definisce "l’oppressione dei regimi safavidi regionali". Il nuovo ruolo regionale dell’Isis non implica una varuazione nelle sue priorità: nonostante aspiri a creare uno Stato islamico in grado di coprire geograficamente tutto il Levante, questa spinta parte prevalentemente dall’Iraq. La Siria garantisce al momento un retrovia strategico grazie al corridoio rappresentato per l’appunto da al-Anbar.
In Siria, Isis è impegnato nella guerra contro l’Esercito di Damasco - e in parte contro le brigate islamiste contrarie alla sua azione - supportata da una strategia di conquista e amministrazione del territorio che in Iraq solo nella provincia di al-Anbar ha di recente trovato una replica parziale. Nello stesso Iraq, il gruppo ha soprattutto lanciato una sfida diretta al governo centrale, con una campagna insurrezionale in costante aumento dalla fine del 2011. Nonostante si sia concentrata soprattutto nelle province occidentali a maggioranza sunnita, come Ninewa, Salaheddine e al Anbar, il centro nevralgico delle operazioni continua a essere la provincia di Baghdad e altri distretti provinciali dove la presenza sciita è comunque alta.
L’Isis intende colpire i centri del potere iracheno e della comunità sciita, dimostrando la propria capacità nel violare anche le aree più protette della capitale e l’incapacità del governo nel garantire la sicurezza anche dove la presenza dei militari è più densa. L’assalto contro il ministero dei Trasporti di Baghdad (fra fine gennaio) e la serie di attentati nella green zone della capitale (e inizio febbraio) sono una chiara dimostrazione delle capacità operative del gruppo e dalla debolezza dell’apparato della sicurezza iracheno.
Nonostante l’Isis rappresenti la principale minaccia alla stabilità irachena, l’emergere di nuovi e vecchi elementi insurrezionali ha aggravato la prospettiva di un conflitto settario. Gruppi come il neo-baathista Naqshbandia army hanno già iniziato ad attrarre membri della comunità sunnita desiderosi di abbandonare la protesta di piazza per l’attività insurrezionale, mentre gruppi emersi negli anni della guerra civile come l’Islamic army, Hamas Iraq, le Brigate rivoluzionarie 1920 e il Mujaheddin-e Khalq sarebbero tornati attivi nella provincia di al Anbar.
Nelle ultime settimane, sul fronte sciita, membri dell’Asaib Ahl al Haq, brigata che si ritiene sostenuta dall’Iran e che ebbe un ruolo di primo piano ai tempi dell’invasione Usa, sono tornati a mobilitare le proprie forze in chiave anti-Isis per rispondere alla serie di attentati contro le aree sciite del paese. Secondo fonti statunitensi anche altre milizie sciite, come la Badr organization o il Kataib Hezbollah, avrebbero iniziato a operare con il beneplacito delle forze di sicurezza.
Questo quadro rischia dunque di polarizzare ulteriormente le divisioni confessionali dell’Iraq in un momento chiave della sua transizione politica, proiettando definitivamente anche Baghdad nell’aperta contrapposizione tra sunniti e sciiti che sta infiammando gran parte del Levante.
(Ludovico Carlino 27/02/2014)
Vedi anche: http://temi.repubblica.it/limes/dieci-anni-dopo-liraq-non-esiste/43730